Comment le travail empiète sur la vie personnelle
Extraits du livre «Les sept piliers du bien-être à la retraite. Pourquoi et comment les consolider dès la quarantaine »
Par Marie-Paule Dessaint, docteure en sciences de l’éducation, auteure, conférencière et biographe
Jusqu’à présent, j’ai été une bonne élève. J’ai fait tout ce qu’on attendait de moi : études, famille et boulot. Tout faire pour les autres, toujours, jusqu’à l’épuisement, au burnout et même à la dépression. (Sara, 45 ans)
Le milieu de la vie, le mitan, est cette longue traversée du parcours de la vie, entre 45 ans et 60 ans environ, depuis la fin de la vie de jeune adulte jusqu’à l’entrée dans la retraite.

Famille heureuse: trois générations mariepauledessaint.com
Au mitan, la majorité des quarantenaires-cinquantenaires sont bien installés dans la vie avec leurs petits et grands bonheurs et leurs petits et grands malheurs.
Ils profitent des efforts qu’ils ont déployés pendant toutes ces décennies pour se tailler une place au soleil, atteindre leurs ambitions professionnelles et matérielles et, pour la majorité d’entre eux, fonder une famille.
Ils savent qu’ils ont fait de leur mieux pour atteindre cette stabilité, parfois une façade, en se conformant aux standards du succès et de la réussite, en plus de tenter de satisfaire tout le monde autour d’eux.

Transitions de vie mariepauledessaint.com savourer la vie et la retraite
S’oublier sur le chemin de la réussite?
En 2022, près d’un Canadien sur trois accusait sa vie professionnelle de trop empiéter sur sa vie personnelle et familiale. (Statistique Canada, 2024)

Au mitan de leur vie, bien des personnes réalisent qu’elles ont surtout consacré leur temps et leurs énergies à bâtir une carrière et à fonder une famille
Les quarantenaires-cinquantenaires sont nombreux à s’interroger sur l’étendue des sacrifices et des renoncements qu’ils ont consentis pour en arriver là, notamment des besoins, des désirs, des projets et des rêves. Parfois, ils ont tout investi dans leur travail, au détriment de leur santé et de leur famille.
Ils se demandent alors ce qui les a poussés à s’oublier ainsi en chemin et comment ils pourraient accorder plus de place à leurs propres besoins et bien-être.
Ils s’inquiètent aussi à propos de leur avenir professionnel alors qu’on commence à les trouver trop âgés pour certains postes.
Ils sont pourtant au sommet de leurs compétences et de leurs expériences et ont beaucoup à offrir et à transmettre encore.
Alors, ils déposent dans la balance leurs bons coups et leurs moins bons coups, leurs réussites et leurs échecs ainsi que les plus et les moins de leurs relations affectives et sociales ainsi que de leur santé.
Cela pourra les attrister ou au contraire leur confirmer qu’ils ont bien mené leur vie jusqu’à présent et qu’ils peuvent être fiers de ce qu’ils sont devenus.

Transitions de vie mariepauledessaint.com savourer la vie et la retraite
Une puissante prise de conscience
Les quarantenaires-cinquantenaires s’ennuient parfois dans le confort de leur quotidien et de leurs habitudes sécurisantes alors qu’ils n’ont pas grand-chose de nouveau, d’emballant et même d’excitant en vue, tant au travail que dans leur vie de couple ou dans leurs loisirs.
Ils voient le peu de temps qu’il leur reste pour rattraper les occasions perdues ou pour tout recommencer.
Ils se demandent parfois aussi s’ils ne se sont pas carrément fait avoir par la vie et par ses paillettes.
Cette puissante prise de conscience poussera plusieurs à réaménager leur vie, juste ce qu’il faut pour rétablir l’équilibre entre leurs propres besoins et les attentes de l’extérieur, alors que d’autres vont la chambouler totalement.

Le sens de la vie un appel intérieur puissant, notre mission depuis notre enfance. Extraits du livre La retraite en vue. En route vers de nouveaux défis et aventures
Plusieurs retourneront aux études, prendront une année sabbatique, quitteront leur emploi pour créer leur propre entreprise ou pour faire le tour du monde, à pied, à vélo ou en voilier.
D’autres vont acquérir une minimaison, s’engager dans des actions bénévoles à l’étranger, former une nouvelle union et mettre des enfants au monde ou en adopter.
D’autres encore continueront sans rien changer, puisqu’ils ne s’imaginent pas être quelqu’un de différent.
Ils ne ressentent pas du tout le besoin de cacher qui ils sont vraiment, car cette crise du milieu de la vie ne les atteint pas. Non seulement leur personnalité et leur histoire de vie ne les y prédisposent pas, mais ils ont surtout su équilibrer toutes leurs sources de bien-être.
Enfin, il y a ceux qui n’ont pas le temps ni l’envie d’y penser tant ils sont pris dans le tourbillon et les exigences de leur vie, de leurs plaisirs et de tout ce qu’il y a à faire d’intéressant et d’amusant, ici et maintenant, même si, en chemin, ils subissent quelques turbulences et quelques accrochages.
Il ne leur reste que peu de temps et de place pour l’introspection et l’évaluation de l’impact que pourraient avoir leurs décisions d’aujourd’hui sur leur vie de demain.

Transitions de vie mariepauledessaint.com savourer la vie et la retraite
L’épuisement et l’obsolescence pour plusieurs …
Au Canada, chaque année, une personne sur cinq souffre d’un problème de santé mentale, ce qui équivaut à 500 000 personnes incapables de travailler chaque semaine, en plus de représenter un coût économique estimé à 51 milliards de dollars. (La société canadienne de psychologie, 2024)
C’est aussi à cette étape du cycle de la vie que l’obsolescence, l’épuisement et les absences au travail pour des problèmes de santé mentale sont les plus fréquents.
L’obsolescence, c’est le désengagement et le désinvestissement, le repli sur soi et sur ses propres intérêts, dont les vacances, les loisirs, les avantages sociaux et les absences répétées pour maladie. Cependant, l’entreprise et ses gestionnaires pourraient parfois s’interroger sur leurs propres responsabilités dans ce désinvestissement de leurs travailleurs qui préfèrent se trouver ailleurs qu’au travail.
En effet, un salaire, surtout lorsqu’il est assuré, mais sans pouvoir se réaliser ni obtenir de reconnaissance pour ses compétences (lire : être mis parfois sur une voie de garage en raison de l’âge), n’est plus vraiment une source de motivation pour donner le meilleur de soi.
Pour toutes ces raisons, je suis persuadée que nous devrions offrir des formations aux gens dans la cinquantaine, travailleurs ou non, afin de les accompagner dans cette délicate transition de vie vers la retraite. Ils pourraient réfléchir à ce qu’ils pourraient consolider, améliorer, changer ou carrément abandonner pendant qu’ils en ont encore le temps.

Transitions de vie mariepauledessaint.com savourer la vie et la retraite
Vous pourriez aimer lire aussi
Sommaire et introduction du livre «Les sept piliers du bien-être à la retraite. Comment et pourquoi les consolider dès la quarantaine»
Livre: Les sept piliers du bien-être à la retraite. Comment les consolider
Bientôt aussi
Trois livres pour préparer sa retraite afin de la savourer totalement, malgré les inévitables turbulences, puis, bien vieillir