La crise du milieu de la vie. Conférence ou rencontre individuelle pour faire le point
Le mitan (45+ ans). Catastrophe ou plutôt nouvelle proposition de la vie? Un révélateur? Une opportunité?
Par Marie-Paule Dessaint, docteure en sciences de l’éducation, auteure, conférencière et biographe
Pour compléter cet article, je vous invite à lire: Les quatre temps du mitan et les facteurs qui exacerbent la crise
J’ai réalisé, vers la fin de la trentaine, que bien des gens autour de moi vivaient de grandes remises en question et de grands changements, d’un point de vue personnel et professionnel. À cette période, on examine où l’on en est dans notre vie, si nous sommes heureux et si nous souhaitons poursuivre de cette façon ou apporter des changements. En fin de compte, on amorce, au début de la quarantaine, une nouvelle phase de notre vie avec une meilleure définition de qui nous sommes vraiment et de comment nous voulons vivre sur la route qui nous mène à la retraite. Annie, 40 ans dans Relire sa vie
Au milieu de leur vie, à partir de la quarantaine, bien des gens souhaitent opérer des changements dans leur vie ou y apporter des améliorations: travail, études, couple, santé, spiritualité, etc.
C’est bien, c’est normal et c’est naturel…
Beaucoup ne le font pas, cependant, car ils craignent de sortir du confort inconfortable de leurs habitudes ou ne veulent pas faire souffrir les autres en bouleversant leur existence.
Parfois aussi, ils préfèrent fermer les yeux et croire que tout va s’arranger comme par enchantement, avec le temps!
Et parfois encore, ils n’ont pas besoin de changement puisqu’ils n’ont pas attendu la quarantaine pour faire régulièrement le point et apporter immédiatement les correctifs nécessaires.
Si cette transition de vie est occultée, escamotée ou mal résolue, elle se répercutera immanquablement sur les suivantes, dont celle de la retraite qui risque alors d’être plus houleuse, plus intense et plus compliquée.
À l’opposé, la résolution de ces difficultés révèle bien souvent ce qu’il y a de meilleur en soi.
Pourquoi attendre, alors?
Voici quelques thèmes abordés lors de ces rencontres en groupe ou individuelles que je propose sur la crise du milieu de la vie (entre 45 et 60 ans, d’après les spécialistes) ou lorsque j’accompagne une personne qui écrit le récit de sa vie.
Mais avant, je vous propose de faire le point sur cette importante transition du cycle de la vie.
Un nouveau livre devrait paraître au courant de 2024.
45-60 ans: Le besoin irrépressible de changement…
Les crises, les bouleversements et la maladie ne surviennent pas par hasard. Ils servent d’indicateur pour rectifier une trajectoire, explorer de nouvelles orientations, expérimenter un autre chemin. Carl Gustav Jung
C’est à partir de la quarantaine que la majorité des gens commencent à faire le point sur leurs choix de vie précédents, leurs bons coups et leurs moins bons coups (incluant les mauvais!), leurs réalisations, leurs relations, leur emploi et leur santé
Ils s’interrogent aussi sur l’étendue des sacrifices et des renoncements qu’ils ont consentis pour en arriver là où ils sont aujourd’hui. Ils constatent également les effets du temps sur leur physique et leur santé; ce temps qui semble filer à toute allure.
Jusque-là, ils étaient surtout préoccupés par leur propre personne, leur propre accomplissement, leur propre réussite et leur famille.
Ils étaient en train de se construire.
Leurs choix personnels étaient bien (trop) souvent pilotés par la raison et par la recherche d’approbation et d’admiration dans le regard et les paroles des autres.
Les questions existentielles n’avaient pas encore leur place, à moins que des événements particulièrement douloureux ne soient survenus en chemin
Aujourd’hui, ils commencent à réfléchir à ce qu’ils devraient consolider, améliorer, changer ou carrément abandonner pendant qu’ils en ont encore le temps.
Ils commencent à étouffer, à se sentir oppressés, coincés, submergés, fatigués et épuisés par tant de responsabilités, tant d’obligations et, disons-le, par tant de «mensonges».
Ils réalisent qu’ils ont été tellement conditionnés de l’extérieur qu’ils croyaient être les masques qu’ils portaient pour être prévisibles, ne pas faire de vagues, réussir…
Une crise peut alors se déclencher et mettre leur vie sens dessus dessous.
Ils s’interrogent
– De quoi ai-je vraiment envie et besoin?
– Que suis prêt à abandonner?
– Quelles sont mes valeurs?
– Quels étaient mes rêves de jeunesse que j’ai mis de côté pour assurer ma sécurité et celle de ma famille?
– L’emploi que j’occupe aujourd’hui, est-il vraiment celui qui me convient?
– Changer va-t-il pénaliser et chambouler ma vie de mon entourage?
– Suis-je encore bien dans mon couple?
– Pourquoi cette sensation de vide existentiel?
– Et ma santé? Pourquoi l’ai-je (peut-être) négligée à ce point?
– Que faire et comment le faire pour tirer pleinement parti de cette période de transition pour me forger une vie à ma mesure?
Contenu des rencontres de groupe ou individuelles sur la crise du milieu de la vie
Je crois que ce n’est pas par hasard si vous êtes sur ma route en cette période de ma vie, justement pour faire naître en moi une réflexion sur le mitan de ma vie et m’encourager à dénouer tous ces nœuds qui me limitent encore. Roseline D., 2013
Au cours de ces conférences, ateliers ou rencontres individuelles sur la crise du milieu de la vie, je vous invite à faire le point sur vos propres turbulences du mitan et à mettre en route vos projets de changement pour franchir cette grande étape du cycle de la vie, avec souplesse et sérénité.
Je vous invite à répondre aux questions que j’ai énumérées au début de cet article. Et à d’autres aussi.
Je vous propose aussi quelques notions théoriques afin de mieux comprendre pourquoi cette transition de vie peut être difficile tout en étant un formidable tremplin pour une vie plus équilibrée et sereine.
Par exemple
– Ce qu’est une crise, ce qu’elle n’est pas et ce qu’elle nous propose.
– La crise du milieu de la vie dans le grand cycle de la vie adulte.
– Chaque étape du cycle de la vie et ses tâches développementales : où en êtes-vous?
– Pourquoi tant de turbulences au milieu de la vie? Quelles sont-elles? Et les vôtres?
– Le processus d’individuation : devenir SOI en mieux que le MOI seul. Un besoin irrépressible.
– Rencontrer notre ombre et ses projections sur les autres afin de mieux se comprendre.
– Faire tomber les masques : pas toujours facile…
– Se déculpabiliser de vouloir changer, évoluer et aller au bout de nos rêves?
– Les regrets de fin de vie des autres : qu’ont-ils à nous apprendre sur notre propre vie?
– La relecture de notre vie au moment du mitan peut-elle nous aider à faire le point sur notre passé (sans le renier) avant de tourner la page?
C’est étonnant, mais cette relecture de vie m’apporte déjà une vision élargie de mon vécu actuel. Je n’avais jamais pensé à relier ma soixantaine au mitan de la vie. Mais lorsque je repense à mes 40 ans, où en effet tout a commencé à être sérieusement chamboulé dans ma vie, je me rends compte que certains de mes questionnements actuels rejoignent ceux que j’ai eus à cette période. Passionnant! Alice, 61 ans dans Relire sa vie. 21 récits pour vous guider
C’est alors, au fil de l’écriture spontanée, que je me suis aperçue combien l’affectif avait dominé mon parcours de vie. D’ailleurs, vous avez très bien ressenti ce sentiment puisque vous m’avez proposé un titre qui résume bien le contenu : Farouche indépendante, mais dépendante affective. Irène, 59 ans dans Relire sa vie
Y a-t-il un lien entre les problèmes psychiques d’une personne et la crise du milieu de la vie?
Au lieu de crise, j’aime bien utiliser des mots tels que passage, turbulence, remue-ménage intérieur…
Une crise est une rupture d’équilibre psychologique, social et parfois aussi physique qu’il convient de rétablir.
C’est aussi, selon certains auteurs, une brisure, une fracture, une perte de sens, une perte de direction, une période de confusion.
Mais vivre une crise n’annonce pas forcément une catastrophe, une dégradation, une perte, une menace, un danger ou un renoncement.
C’est aussi et surtout une opportunité, une décision à prendre entre plusieurs options, entre plusieurs propositions que la vie nous fait.
C’est une évolution vers quelque chose de nouveau.
Et un «révélateur de ce qui était invisible ou contenu jusque là».
Dans La crise du milieu de la vie. Une deuxième chance, Françoise Millet-Bartoli explique bien le lien, ou plutôt l’absence de lien dans la plupart des cas, entre les problèmes psychiques qui affectent une personne et la crise du mitan.
D’après cette psychiatre, il n’est absolument pas la cause de ces problèmes, mais plutôt un révélateur de ce qui était invisible ou contenu jusque-là.
Je crois, pour ma part, qu’il est aussi un accélérateur.
Elle ajoute que certaines maladies psychiques peuvent survenir tardivement, à cette période, sans être causées par le mitan. La maladie maniaco-dépressive ou l’hypocondrie (qui naît dans l’enfance) en sont des exemples.
Inversement, certaines manifestations pathologiques peuvent s’apaiser à cette période de la vie
Le déclenchement d’une crise au mitan dépend de tellement de facteurs qu’il est difficile de deviner si elle nous touchera et, dans l’affirmative, jusqu’à quel point.
Une fois débarrassés de certaines entraves (personnelles, professionnelles, affectives et matérielles) qui les tenaient carrément prisonniers, bien des gens se sentiront d’ailleurs mieux qu’avant.
Certains s’engageront quand même dans une thérapie, histoire de se faire accompagner pendant cette période de grande réflexion.
Ce n’est pas parce qu’une personne de notre entourage est confrontée à une crise profonde dans la quarantaine et la cinquantaine que cela nous arrivera aussi
Révéler le meilleur en soi
Il faut se donner le droit, le temps et les moyens de vivre à fond chacune des crises que l’on traverse tout en prenant bien soin de se protéger physiquement, mentalement et affectivement durant la traversée ou la tourmente
La résolution des difficultés du mitan de la vie révèle souvent ce qu’il y a de meilleur en nous, par exemple:
– un esprit combatif, un leadership inconnu
– de l’intérêt pour les autres, notamment le désir de les écouter, de les aider, de les accepter…
– une débrouillardise insoupçonnée, la capacité d’analyser une situation avant de prendre des décisions
– la volonté de compenser les pertes par d’autres qualités et intérêts (par exemple, la perte de la beauté et la jeunesse par le charisme et l’humour)
Un peu comme le homard au moment de sa mue, qui devient plus vulnérable le temps que sa carapace se reforme, nous devenons plus fragiles lors d’une transition de vie.
Nous nous débarrassons de certaines carapaces devenues trop étroites et de certains masques sociaux devenus trop lourds à porter.
Le temps de nous reconstruire, il vaut donc mieux éviter de nous précipiter, sur un coup de tête ou de cœur, dans des situations qui peuvent nous rendre plus vulnérables encore : déménager, se séparer, quitter son emploi… Il faut se consolider avant.
Le mitan? C’est un peu comme le mois de septembre, il y a encore de la chaleur, les journées sont encore belles, mais les couleurs commencent à changer, annonçant une nouvelle étape. Ce changement nous effraie, nous angoisse. Il y a une certaine beauté, mais on sait que le feuilles vont tomber d’un moment à l’autre. Paola, 45 ans dans Relire sa vie
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Le mitan, le temps des turbulences
Le mitan se déroule approximativement en quatre temps : – La transition, entre 40 ans et 45 ans. – L’ entrée, entre 45 et 50 ans. – Le cœur, entre 50 et 60 ans. – La sortie, entre 60 et 65 ans. – À partir de 65 ans, la « vieillesse» commence. Que se passe-t-il à chaque fois?