Petit traité de maltraitance à l’endroit des aînés
Par Marie-Paule Dessaint, docteure en sciences de l’éducation, auteure, conférencière et biographe
Il y a maltraitance quand un geste singulier ou répétitif, ou une absence d’action appropriée, se produit dans une relation où il devrait y avoir de la confiance, et que cela cause du tort ou de la détresse chez une personne aînée. Ce geste, intentionnel ou non, est de nature interpersonnelle ou découle de l’organisation des services dans les divers milieux de vie des personnes aînées.(définition du site maltraitanceainés.gouv.qc.ca, adaptée de celle de l’OMS)
Voici un bref aperçu des principaux actes de maltraitance commis par les proches aidants, les soignants professionnels ou des membres de l’entourage de la personne aînée.
Ils sont tirés de mon Livre Cap sur la retraite. 25 points de repère pour franchir les transitions, p. 265-267.
Aimeriez-vous qu’un membre de votre famille en soit victime ? Vous-même? Cela vous fait-il frémir ? C’est maintenant qu’il convient d’agir et d’entrer dans le débat, afin d’éviter que de tels abus ne subsistent.
Voici quelques actes commis par certains(e)s soignant(e)s
Mais n’oublions pas que d’autres sont adorables et empathiques…
Violence physique
– Gifles, coups, blessures et contention (immobilisation de la personne), alimentation forcée.
Violence psychologique
– Menaces, injures, cris, intimidation et privations de tous ordres pour punir et contraindre : nourriture, médicaments, intimité, douche et bain.
– Isolement et non-réponse aux demandes de soins essentiels.
– Dénigrement en raison de l’âge, de la maladie ou du handicap.
– Humiliation de la personne qui exprime son besoin de sexualité.
Manque de respect
– Tutoiement et interpellation de la personne par son prénom, sans y avoir été invité ni autorisé.
– Recours à des diminutifs condescendants (ma petite madame), décisions prises à son insu.
Violation des droits
– Discrimination en raison de la nationalité, de la religion et de l’âge.
– Traitements médicaux imposés malgré le refus de la personne.
Hygiène et soins
– Délais interminables pour changer les alaises et les draps souillés, toilette bâclée ou effectuée avec des gestes brusques, et parfois aussi avec une moue de dégoût.
– Hygiène personnelle négligée pendant plusieurs jours, refus de changer une couche, refus de la coiffer.
Vols et viols
– Vol d’argent ou de bijoux à la personne, vente de choses qui lui appartiennent sans son autorisation, encaissement de chèques de pension et prélèvement d’une somme, paiements imposés pour obtenir des services pourtant essentiels, pressions exercées pour obtenir son héritage.
– Viol de son intimité, attouchements ou contacts sexuels effectués sans son consentement.
Pourquoi en arriver là ?
Fatigue, épuisement, frustrations, sentiment d’obligation et détresse psychologique pour les uns. Manque de connaissances, de formation et d’expérience pour les autres.
Répugnance à demander de l’aide et à avouer son état d’épuisement pour certains.
Méconnaissance des ressources disponibles. Incapacité physique, psychologique et humaine à assumer une telle responsabilité.
Réticence à aider un parent qui nous a mal aimés autrefois et s’est fort peu soucié de notre bien-être.
Et, pour d’autres encore, indifférence généralisée, cynisme et absence de courtoisie. Cupidité aussi, dans bien des cas.
Des aidés pas aidants aussi
Mais il y a également des aidés qui ne sont pas très aidants.
Certains sont exigeants, peu reconnaissants, se plaignent sans cesse de tout et de rien, se défoulent de leurs frustrations et de leur colère sur leur entourage ou créent des pressions dès que l’aidant veut prendre des moments de répit ou des vacances. Il faut dire que la vie n’est pas très agréable pour eux.
Leur état de santé, notamment la maladie d’Alzheimer, peut également provoquer de tels comportements.
Dénoncer et demander de l’aide
Une société se juge à la manière dont elle assure confort et grâce de vivre aux enfants, confort de vivre et sérénité du mourir aux vieilles gens (Roger Dadoun)
Le silence doit être brisé. Il faut certes apporter de l’aide à ceux et celles qui commettent ces actes de barbarie et de domination, mais surtout secourir ceux qui les subissent afin qu’ils osent se manifester. Des solutions doivent être trouvées pour le bien-être et la dignité de tous.
Des sites utiles pour les aidés et les aidants et sur la maltraitance
Le site du gouvernement du Canada dédié aux aînés : www.aines.gc.ca. On y trouve des ressources pour les aidants naturels. C’est à partir de ce site aussi que l’on peut dénoncer les abus. Vous y trouverez également plusieurs liens utiles.
Le site spécialisé du ministère de la Famille et des Aînés : http://maltraitanceaines.gouv.qc.ca. On y trouve toutes les informations et les ressources nécessaires pour repérer les cas de maltraitance. Une personne maltraitée peut dénoncer ses agresseurs en composant ce numéro de téléphone : 1 888 489-2287. Une fonction permet d’effacer toute trace de son passage sur le site, ou même de le quitter très rapidement.
Le Réseau entre-aidants (Québec) : www.reseauentreaidants.com. Ce réseau offre aux proches aidants du soutien, du répit, des ateliers par téléphone, des conseils, ainsi que des adresses utiles.
La Coalition canadienne des aidantes et aidants naturels : www.ccc-ccan.ca.
Le blog français des proches aidants débutants: http://aidants.mesdebuts.fr. Riche en informations, il vous permet aussi d’échanger vos expériences, d’obtenir des conseils, du soutien et des idées pratiques.
Le Conseil pour la protection des malades: www.cpm.qc.ca