Pourquoi le stress et la peur de se tromper nous empêchent-ils de retenir ce que nous devons apprendre?
Par Marie-Paule Dessaint, docteure en sciences de l’éducation, auteure, conférencière et biographe
À l’école, chez soi, au travail, avec nos proches, la peur d’échouer et les punitions en cas d’erreur, bloquent le cerveau préfrontal, le centre de la planification, de l’action et de l’apprentissage. Il est alors extrêmement difficile de faire de nouveaux apprentissages
Un rappel: qu’est-ce qu’apprendre?
Apprendre, c’est modifier les connaissances que l’on possède déjà et se transformer soi-même
L’apprentissage est un processus individuel, actif, constructif, cumulatif qui se produit lorsqu’on choisit délibérément de traiter activement toute nouvelle information
Les connaissances accumulées dans la mémoire servent en effet de «port d’attache» aux nouvelles qui se greffent sur elles.
Le travail de compréhension et de mémorisation est ainsi facilité.
Il importe donc d’être curieux intellectuellement et de diversifier nos sources de connaissances et d’intérêts afin d’offrir un grand nombre de points d’ancrage aux nouvelles connaissances.
Cette définition de l’apprentissage montre bien que l’on doit être actif et non passif et que, pour retenir des informations, il faut les manipuler.
Cela signifie qu’il faut les transformer soi-même, activement plutôt que de chercher à les retenir par cœur.
Cette définition nous apprend aussi que rien ni personne ne peut assumer à notre place la responsabilité de nos succès et de nos échecs.
Les enseignants doivent éviter les remontrances en cas d’erreur
Nombre d’études nous apprennent cependant que lors d’un nouvel apprentissage, la peur d’échouer et les remontrances en cas de difficultés d’apprentissage, ou encore un stress intense, produisent l’effet inverse: au lieu de stimuler l’apprentissage, ils le bloquent totalement.
Avant de commencer à enseigner et tout au long de la formation, les enseignants doivent donc instaurer un climat de sécurité, sans jugement et sans stress indu.
Pour apprendre, le cerveau doit donc éprouver… du plaisir.
Mais cela ne suffit pas! On doit lui proposer des défis à relever et des difficultés à surmonter. Défis et difficultés ne doivent cependant pas être insurmontable, tout en étant … stimulants et challengeants…
Apprendre de ses erreurs
L’erreur doit être admise et surtout évaluée comme une information pertinente à l’apprentissage et non comme un échec
L’attitude de celui qui enseigne est donc déterminante. Ceci explique pourquoi certaines années, des enfants éprouvent des difficultés alors que d’autres obtiennent des notes excellentes.
D’ailleurs, au début de mes conférences et formations consacrées à la mémoire et à l’intelligence, je commence toujours par donner aux participants mes consignes de professeur sévère :
– rire et s’amuser
– ne pas se comparer
– ne pas avoir peur de se tromper
– tricher tant que l’on veut…
À condition, bien sûr, de fournir des efforts personnels et d’être vraiment intéressé à apprendre.
Si non, pourquoi vouloir apprendre quelque chose de nouveau si on ne peut le faire dans le plaisir. Et cela surtout quand on n’a pas besoin d’évaluation pour obtenir un diplome.
Un peu de stress mais pas trop, c’est bon pour la mémoire!
Un peu de pression psychologique causée par le stress et l’anxiété a des effets positifs sur les fonctions cognitives et le comportement. Un peu d’anxiété permettrait même de mieux parler en public
Effets du stress et de l’anxiété à doses normales
– Ils renforcent l’attention et la concentration Ils améliorent la mémoire.
– Ils facilitent le rappel des informations de la mémoire à long terme au moment du besoin.
En revanche, lorsque cette pression psychologique est trop intense et dure trop longtemps, elle produit l’effet inverse : elle bloque l’apprentissage, car alors le cerveau se centre sur l’objet de la peur. Des neurones, les cellules nerveuses peuvent même être détruits.
Le stress indu s’attaque à notre flexibilité mentale et nous ramène automatiquement dans le confort de nos habitudes
Dès que nous apprenons quelque chose de nouveau, nous traversons en effet un moment de déstabilisation cognitive tout à fait normal.
Nous remettons alors en cause ou réévaluons ce que nous connaissons déjà.
Bien ancrées dans la mémoire, ces connaissances sont devenues des automatismes dont nous ne sommes pas conscients.
Il est par conséquent difficile de les modifier.
Stress et cortisol
À dose normale, le cortisol, l’hormone du stress et de l’énergie sécrété par les glandes surrénales, est indispensable, car il nous tient éveillés et nous permet de réagir en cas d’urgence.
Cependant, lorsque sa concentration est 20 fois supérieure à la normale, par exemple lorsque nous sommes très anxieux ou stressé, il empêche aussi la fabrication de nouveaux neurones.
Conseils pour réduire le stress de votre vie
– Adoptez une technique de relaxation ou de méditation, car cela a un impact formidable sur la santé, sur la qualité sur sommeil, mais aussi sur la capacité d’être attentif, de se concentrer et de contrôler le stress.
Voyez ici les effets de la méditation et de la cohérence cardiaque
–Pratiquez la méditation marchée car elle est un excellent antistress. Elle est simple, efficace et disponible en tout temps!
Je la pratique régulièrement. Ce n’est pas toujours facile lorsque nous vivons dans un tourbillon où tout va vite, très vite, trop vite.
– Quand tout va trop vite, ou avant de passer un examen, parler en public ou si quelque chose vous rend anxieux, prenez un moment pour vous détendre, en comptant très lentement, à rebours, de 100 à 0.
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