Comment nous mémorisons une information
Une fois une information captée par les organes des sens, le cerveau vérifie si elle se trouve déjà dans la mémoire sensorielle (ou mémoire perceptive). Si c’est le cas, il va en extraire une signification
Par Marie-Paule Dessaint, docteure en sciences de l’éducation, auteure, conférencière et biographe
Ce texte complète le livre: Mémoire et intelligence. Réduire leur déclin de 50%.
Ce sont nos organes des sens, la vue, l’ouïe, l’odorat, le toucher et le goût, qui ouvrent la porte de la mémoire. Ce que nous lisons, entendons, voyons ou sentons (le stimulus) est en effet capté inconsciemment par le cerveau. Si une personne voit mal ou entend mal, elle ne comprend pas toujours bien ce qui se passe autour d’elle. Il y aurait même un lien entre les problèmes d’audition et le risque de développer une maladie neurodégénérative telle que la maladie d’Alzheimer, après 75 ans. Il est donc important de compenser rapidement ces pertes par des aides visuelles ou auditives
La mémoire sensorielle fonctionne donc mieux et plus rapidement si nous avons déjà été en contact avec une information.
On apprend toujours mieux ce que l’on connaît déjà un peu. D’où l’importance d’être curieux intellectuellement toute la vie
Par exemple, nous reconnaissons plus rapidement des gens que nous avons déjà rencontrés, des endroits que nous avons déjà visités ou des mots que nous connaissons déjà.
Notons au passage que c’est grâce à notre mémoire sensorielle (et aux cartes cognitives) si nous pouvons nous repérer dans notre environnement quand, par exemple, nous rentrons chez nous, à pied. (Je traite toujours de ce thème, les cartes cognitives dans mes formations tant elles sont importantes pour conserver une cognition saine)
Cette nouvelle information reste quelques millisecondes à une minute avant de passer vers la mémoire à court terme, puis la mémoire de travail. Si à cette étape l’attention et la concentration ne s’exercent pas, elle est rapidement oubliée
L’attention s’exerce alors sur ce qui est important à retenir pour qu’elle puisse se rendre vers la mémoire à court terme
Si l’attention se produit presque automatiquement, la concentration exige un effort délibéré et, surtout de l’intérêt. Sinon elle s’épuise rapidement
Cela se produit si le filtre de l’inhibition cognitive se met en place (voir plus bas l’article L’effet Stroop pour tester votre capacité d’inhibition cognitive)
L’information recueillie par les organes des sens et sur laquelle l’attention et la concentration se sont exercées se rend ensuite dans la mémoire à court terme par un signal électrique.
Elle sera oubliée entre 20 secondes et une minute si elle n’est pas répétée immédiatement ou si des interférences s’imposent.
À la différence de la mémoire de travail, la mémoire à court terme est passive: les informations ne font qu’y passer. Après 30 secondes, 50% de ces informations disparaissent totalement
C’est dans la mémoire de travail que nous encodons (manipulons) l’information à retenir
La capacité de la mémoire de travail est limitée à sept éléments (plus ou moins deux). et le temps pour traiter l’information n’est que d’une minute environ
Le traitement des données de la mémoire de travail repose sur plusieurs fonctions cognitives dont l’organisation, la flexibilité et l’inhibition cognitive.
Si nous voulons conserver notre mémoire le plus longtemps possible, nous devons impérativement les exercer chaque jour.
C’est dans la mémoire à long terme que l’information séjourne quelques jours, quelques mois ou pour toujours
Pour que cette information ne s’efface pas de notre mémoire, elle devra non seulement être encodée à l’aide de différentes techniques de mémorisation, mais aussi consolidée, en la répétant et la révisant à plusieurs reprises
Par la suite, elle pourra être rappelée (récupérée) au moment du besoin, en utilisant les mêmes techniques qui ont permis de l’encoder.
À ce stade, plusieurs facteurs, dont une surcharge cognitive et le stress, risquent d’effacer tout ce qui doit être retenu.
Notons que les choses se passent différemment lorsqu’il s’agit d’automatismes et de conditionnements émotionnels qui ne passent plus par l’hippocampe.
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