Qu’est-ce que le vieillissement réussi?

Les ingrédients d’une retraite nourrissante et épanouie

Survol des apprentissages à réaliser (tâches développementales) depuis la quarantaine pour bien vivre et mieux vieillir

 

© Par Marie-Paule Dessaint, docteure en sciences de l’éducation, auteure de 16 livres, conférencière et biographe

 

À force de rencontrer des personnes dans la quarantaine et la cinquantaine au fil de mes activités professionnelles et personnelles, les quarantenaires-cinquantenaires, comme j’aime les appeler, j’ai souvent remarqué que lorsque la crise du milieu de la vie a été occultée, escamotée ou mal résolue, la transition vers la retraite en engendre une autre, souvent plus houleuse, plus intense et plus compliquée.

Celle-ci risque alors de perturber les transitions de vie qui suivront, puis la vieillesse, si rien n’est fait pour rétablir l’équilibre.

En effet, c’est dans la quarantaine que la majorité des gens commencent à faire le point sur leurs choix de vie précédents, leurs bons coups et leurs moins bons coups, leurs besoins non satisfaits, leurs réalisations, leurs relations et leur emploi.

Ils s’interrogent aussi sur l’étendue des sacrifices et des renoncements qu’ils ont consentis pour en arriver là où ils en sont aujourd’hui.

Ils constatent les effets du temps sur leur physique et leur santé: ce temps qui semble filer à vive allure et leur fait prendre conscience de la finitude de la vie.

 

Ils commencent à réfléchir à ce qu’ils devraient consolider, améliorer, changer ou carrément abandonner pendant qu’ils en ont encore le temps

 

C’est en priorité à leur intention que j’ai écrit cet article.

Je propose de découvrir les ingrédients (déterminants) d’une retraite puis d’une vieillesse épanouies et nourrissantes à «assembler» dès la quarantaine.

L’objectif est de se constituer une base solide, un équilibre, pour poursuivre le reste de l’existence.

En trois parties:

1. Ce que les spécialistes en disent (chercheurs, auteurs, etc.).

2. Ce que les aînés en pensent (à la suite de diverses enquêtes).

3. Ce que je propose durant mes conférences (une forme de synthèse provenant de plusieurs études).

 

Et vous? À la suite de la lecture de cet article, qu’aimeriez-vous conseiller aux jeunes générations qui vous suivent? Ou mettre à jour pour vous-mêmes pendant qu’il est encore temps?

 

 

1. Que disent les spécialistes à propos des étapes à franchir, depuis la quarantaine, pour «réussir» son vieillissement?

 

LES GRANDS APPRENTISSAGES DU CYCLE DE LA VIE ADULTE SELON LES SPÉCIALISTES

 

Dans mon travail d’animatrice de cours de préparation à la retraite, lorsque la formation se donne sur plusieurs semaines, je consacre toujours un moment à méditer (réfléchir) avec les participants sur les grands apprentissages de chaque étape du cycle de la vie, particulièrement après 45 ans.

Je leur demande surtout de dresser la liste des tâches développementales (apprentissages à réaliser) qui se répercutent d’une étape à une autre, puis de vérifier (juste pour eux) lesquelles doivent être achevées ou consolidées, dès à présent, si nécessaire. 

Cela est destiné à favoriser le passage tout en douceur, le cœur en paix et sans regrets, dans la retraite, puis le vieillissement.

Je vous propose de faire, vous aussi, cette méditation-réflexion.

 

Ces tâches développementales (apprentissages) sont tirées de diverses études dont j’ai élaboré une synthèse dans mon livre Relire sa vie. 21 récits pour vous guider  (Flammarion Québec, 2014) et, précédemment, dans Une retraite heureuse? Ça dépend de vous! (Flammarion Québec, 2006).

 

Et, bien sûr, dans mes livres plus récents dont Qui suis-je 73 tests pour le découvrir (Transitions de vie, 2021).

Dans Qui suis-je?, j’ai toutefois commencé la liste des grands apprentissages du cycle de la vie (les tâches développementales) entre 12 et 20 ans.

Vous verrez! C’est très intéressant de vérifier ce dont les plus jeunes ont besoin pour devenir, plus tard, des adultes épanouis et heureux.

 

Ces listes proviennent des écrits de plusieurs chercheurs et auteurs, notamment Erik H. Erikson, George Vaillant, Daniel J. Levinson, Philippe Dupuis et Jean-Luc Hétu dans Psychologie du vieillissement (1992, 2016).

Et d’autres encore dont vous trouverez les références complètes dans mes livres.

 

Les périodes se superposent quelque peu puisque rien n’est jamais figé. Certaines périodes sont plus ou moins en double pour tenir compte des tâches développementales proposées par les différents spécialistes. D’autres sont mises à part même si elles appartiennent à un même groupe d’âge afin de montrer leur importance, par exemple, la générativité ou la stagnation entre 45 et 65 ans

 

 

Entre 45 et 50-55 ans. Se renouveler pendant qu’il est encore temps. L’assurance de la maturité

 

Il reste moins de temps pour les choses qu’on veut faire

 

– Développer la fierté de soi et de sa compétence.

 – Se réjouir de son choix de vie et résister au désenchantement face à ses limites.

 – Approfondir le sens donné à sa vie.

 – Réexaminer le rapport entre sa situation de vie et ses besoins.

 – Vouloir encore se renouveler.

 – Faire de nouveaux choix de vie.

 – Produire, créer.

 – Donner vie à ses rêves.

 – Valoriser les relations familiales (conjoint, parents, grands-parents).

 – Laisser quelque chose derrière soi (générativité).

 – Approfondir son expérience de Dieu.

 

 

Entre 45 et 65 ans. Générativité ou stagnation

 

La réussite de ce stade débouche sur la sollicitude et le souci du bien-être des générations suivantes, et même celui de l’humanité tout entière, par des actions et des projets

Sinon

– on se replie sur soi ou sur son couple (égocentrisme, stagnation).

– au lieu d’assumer ses responsabilités, on attend tout des autres.

– on éprouve des difficultés relationnelles.

 

 

Entre 50-55 ans et 60-65 ans. Accepter lucidement de vieillir et s’y adapter. L’entrée en soi-même

 

Il y a de la joie à s’accepter soi-même et à accepter son partenaire de vie

 

 

  – S’adapter lucidement au vieillissement.

  – Développer la reconnaissance positive de soi.

C’est l’autocompassion qui est différente de l’estime de soi (l’estime de soi excessive peut devenir de l’infatuation)

  – Aller jusqu’au bout dans la poursuite de ses objectifs.

  – Se préparer activement à la retraite.

  – Apprécier l’importance de son partenaire de vie.

  – Devenir plus souple et tolérant, plus chaleureux.

  – Chercher à aider les autres, autant ses enfants que des inconnus.

 

 

Entre 60 et 65 ans. La sagesse et l’intégrité

 – S’adapter à la soixantaine et aux problèmes de santé.

 – Approfondir ses relations interpersonnelles.

 – Poursuivre la générativité.

 

 

65 ans, et après. L’intégrité ou le désespoir

 

Vivre pleinement le présent tout en regardant la mort en face

 

 – Évaluer sa vie de façon positive et réaliste.

 – Apprendre à se désengager sans perdre sa créativité.

 – S’ouvrir davantage à la foi et à l’espérance.

 – Intensifier les relations avec son partenaire de vie.

 – S’entraîner au départ possible de l’autre (décès).

 – Accepter une plus grande dépendance sans perdre l’estime de soi.

En fait, il s’agit de vieillir avec élégance et maturité

 

 

COMMENT SE PRÉPARER UNE RETRAITE PUIS UNE VIEILLESSE NOURRISSANTES, SEREINES ET ÉPANOUIES DÈS LA QUARANTAINE

 

2. Et voici une liste des principaux ingrédients d’une vieillesse heureuse d’après des ainés interrogés lors de diverses enquêtes

 

C’est ce que j’entends aussi souvent aussi durant mes formations.

Ils sont simples et agréables à adopter.

 

Changer tout en continuant

  – Jouir au maximum de la vie même si elle n’est pas toujours rose.

  – Apprécier chacun des plaisirs du quotidien, malgré les pertes et les changements causés par le vieillissement.

 – Adapter nos sources de plaisir à nos nouvelles possibilités.

Assurer une continuité dans notre vie malgré les changements

 – sur le plan des idées

 – sur le plan des expériences

 – sur le plan de l’environnement physique

 – sur le plan social

 

Santé et vitalité

 – Accepter la présence quasi inévitable de problèmes de santé et de certains handicaps.

 – Pouvoir assurer soi-même, sans aide, nos soins d’hygiène personnelle et d’entretien de notre logement.

 – Demeurer suffisamment alerte intellectuellement pour apprendre encore.

 

Optimisme et bonne humeur

 

– Conserver notre optimisme et notre bonne humeur quoi qu’il arrive et ne pas nous laisser déprimer par les événements.

– Adopter une attitude positive face aux pertes induites par la retraite.

– Miser sur nos points forts et notre potentiel de croissance plutôt que sur nos déficits.

– Accepter la responsabilité de notre vie.

 

Alléger

 

Nous départir de tout ce qui alourdit notre vie:

 – quelques meubles, livres, vieilleries, souvenirs

 – des images et des conceptions désuètes de soi-même

 – ce qui est accessoire afin de nous tourner vers l’essentiel

 

Relations interpersonnelles

 

 

 – S’entourer de personnes chaleureuses, généreuses, responsables et solidaires.

 – Tisser des liens d’affection et d’échanges avec nos proches.

 – Privilégier les échanges intergénérationnels.

 

 

Buts et activités

 

Dans la mesure de nos capacités:

 – demeurer actif

 – avoir toujours des buts et des projets à réaliser

 – relever encore des défis

 – continuer nos activités d’avant

 – renoncer aux activités devenues inaccessibles

 – rajuster nos activités en fonction de nos capacités

 – Ne pas chercher à modifier l’environnement (physique, humain…) pour l’adapter à nos propres besoins

 

Le passage à la retraite, puis la vieillesse, ne sont pas la fin de la vie active et stimulante. Il s’agit plutôt, pour qui veut s’en donner la peine et les moyens, d’une occasion unique, peut-être la dernière, de repositionner sa vie sur tous les plans. Il est encore temps d’achever ce qui a été amorcé avant la retraite, de rattraper les occasions perdues et même de tout recommencer

 

 

3. Et voici les 10 ingrédients d’une vieillesse «réussie» que je propose durant mes conférences et ateliers

 

LES 10 PRINCIPAUX INGRÉDIENTS D’UNE RETRAITE ÉPANOUISSANTE ET NOURRISSANTE (RÉUSSIE)

 

Voici deux diapositives extraites de mes conférences, formations et rencontres individuelles, par exemple, Une retraite nourrissante et épanouissante. Ou encore Les pièges et les délices de la retraite.

 

Ces ingrédients provenant de plusieurs études dont j’ai donné les détails et les références dans mon livre La retraite en vue? En route vers de nouveaux défis et aventures, sont présentés en ordre décroissant.

Cependant les deux premiers sont souvent inversés dans les recherches.

 

 

Pour s’épanouir totalement à la retraite, sans contraintes et si l’on veut tout recommencer, mettre à jour les projets et les rêves (volontairement) mis en veilleuse au profit de la carrière et de la vie familiale ou travailler encore, il est en effet nécessaire d’être en bonne condition physique, mentale et intellectuelle. 

 

Pendant mes formations, je montre clairement (preuves scientifiques à l’appui) que ces deux premiers ingrédients ont une influence l’un sur l’autre.

Par exemple, nombre d’études ont montré que les exercices physiques ont davantage d’effets sur la santé cognitive (mémoire et intelligence) que les exercices intellectuels (sans les négliger, bien sûr).

 

 

Je conclue avec cette citation de George Bernard Shaw

 

La vie ne m’apparaît pas comme une courte chandelle. Elle est plutôt un flambeau splendide que je tiens en main un moment et je veux qu’il brille de tous ses feux avant de le passer à la prochaine génération

 

 

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LE MITAN DE LA VIE, LE TEMPS DES TURBULENCES?

 

Pour la majorité des gens, le milieu de la vie entre 45 et 60,  cette transition correspond à une période active sur les plans professionnel et social et, pour beaucoup, au temps de la construction d’une famille et de l’accompagnement des enfants jusqu’à ce qu’ils deviennent des adultes.

Des turbulences, des difficultés, des questionnements et des remises en question, plus ou moins intenses, et plus ou moins douloureux les attendent.

Cependant ils n’aboutissent pas forcément à une « crise», même si elles peuvent mettre la vie sens dessus dessous et les rendre plus vulnérables, le temps qu’ils se reconstruisent… en mieux, avant de retourner, dans la majorité des cas, au calme et à l’équilibre.

(Cliquez sur l’image pour lire la suite)

Le mitan de la vie. Le temps des turbulences?

 

 

Je vous invite également à lire cet article (en français ou en anglais) qui m’a été commandé il y a quelques années par le Fonds de solidarité FTQ 

 

UNE RETRAITE HEUREUSE, C’EST UNE RETRAITE ACTIVE

(Cliquez sur le titre ci-dessus si vous souhaitez lire l’article)

 

Voici deux extraits

J’ai tout ce dont j’ai besoin pour être heureux : une conjointe, une famille, de l’argent, des passe-temps, des opportunités de voyager et je suis en bonne santé. Et pourtant, je ne me sens pas à l’aise depuis ma retraite. Je suis agité et je me sens inutile. Vieillir maintenant me fait peur

 

En tant que récent retraité, Marc n’est pas le seul à ressentir de l’appréhension. Il s’est occupé des aspects administratifs et financiers de la retraite, il lui faut désormais trouver un équilibre entre les autres sphères de la vie.

Après un peu de temps libre ou après avoir pratiqué diverses activités, ce que les spécialistes de la transition de vie appellent la « zone neutre », les retraités ressentent souvent, comme Marc, le besoin de réorganiser leur vie pour profiter pleinement de chaque instant.

Il est temps de vous faire du bien. Découvrez les témoignages recueillis par Marie-Paule Dessaint, coach retraite, et ses conseils utiles pour profiter au mieux de ce moment de votre vie.

Restez actif pour vous sentir heureux et épanoui
Je viens de recevoir un mail de Marie qui est sur le point de prendre sa retraite. «Je suis désemparée. Que vais-je faire du reste de ma vie», me demande-t-elle ? «Que va-t-il se passer en vieillissant ? Vais-je perdre mon indépendance ? Ma relation va-t-elle survivre ? Pourquoi certains aspects de mon travail me manquent-ils autant alors que j’ai tellement hâte de prendre ma retraite ?»

Je lui propose de réfléchir à ce qui donne le plus de sens à sa vie et de faire le point sur les activités qu’elle pratique actuellement.

Le sens est le moteur qui nous motive à agir et se reflète dans nos actions, nos activités et nos projets. Il y a un sens personnel, qui se traduit par du plaisir et permet de se sentir en paix avec soi-même, et par extension, avec les autres. Ensuite, il y a le sens spirituel, qui se développe en aidant les autres, en travaillant, etc. Le but est de réconcilier ces deux forces vitales

 

 

Pour aller plus loin…

VOICI QUELQUES LIVRES D’OÙ PROVIENNENT LES NOTIONS ESSENTIELLES DE CET ARTICLE 

 

Une boîte à outils bien remplie de livres à vous procurer (et de formations à suivre) pour…

 

– surmonter la crise du milieu de la vie et, alors, rebondir, en mieux – préparer votre retraite puis la «nourrir» une fois que vous y êtes entré  – améliorer votre mémoire et votre intelligence en vieillissant et réduire leur déclin de 50%  – écrire le récit de votre vie, l’histoire de votre vie ou celle d’un proche – répondre à quelques 73 tests et questionnaires afin de faire plus ample connaissance avec vous-même

En librairie, au Québec et au Canada, en France, en Belgique, en Suisse, etc., ainsi que sur les différents sites d’Amazon. ici pour tout trouver sur Amazon Canada et Amazon France

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